Auguste à Albert (19 décembre 1865)

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Dublin Core

Titre

Auguste à Albert (19 décembre 1865)

Date

19/12/1865

Résumé

Auguste écrit à son fils Albert en 1865, se réjouissant de sa décision de rejoindre la marine.

Il l'encourage, mais le prévient que la réussite exigera travail et persévérance, tout en l’assurant que rien ne résiste au travail acharné, et en lui dévoilant la devise qui l’a animé lui-même tout au long de sa vie.

Contributeur

Angélique Sentilhes

Lettres Item Type Metadata

Location

Lisbonne

Expediteur

Auguste

Destinataire

Albert

Transcription

Lisbonne, le 19 décembre 1865

Mon cher Albert.

J'ai reçu à mon arrivée ici la petite lettre que tu m'as écrite et que ta mère m'a envoyée. J'en eus bien du plaisir à voir ton écriture et à lire le récit que tu me fais de la façon dont vous avez employé les vacances. Je t'ai suivi dans ta course au phare de Gatterville avec les pères Réguis et Anvers (??) et aussi dans toutes les courses que vous avez faites au bord de la mer avec maman. J'aurais bien voulu être là avec vous et jouir du plaisir que vous avez trouvé dans ces courses. Mais si j'ai été privé de cette joie, je n'en suis pas moins heureux de penser que vous vous êtes bien amusés et que vous y aurez pris des forces et du courage pour le travail d'une nouvelle année scolaire.

Je ne saurais te dire combien j'ai été touché de la complaisance, de la bonté avec lesquelles votre cher petite mère s’est efforcée de vous être agréables et de vous divertir pendant les vacances. J'espère que vous le comprenez, mes chers enfants, et que vous lui en êtes reconnaissants. A présent, le meilleur moyen de lui prouver votre gratitude est de travailler avec courage et persévérance pour la récompenser de ses soins.

Te voilà donc en marine, mon grand garçon, avec la ferme intention de poursuivre cette carrière. Cette résolution m'a donné une grande joie pour plusieurs raisons. D'abord, la profession de marin est la plus noble et la plus belle qu'il y ait au monde. Ensuite, je serais bien heureux qu’après y avoir servi moi-même, notre nom y fut conservé et que tu y continuas les traditions de serviteurs ailés que je me suis efforcé d'y suivre. J'y ai de plus conservé de nombreux amis qui pourraient te rendre cette carrière plus belle que toute autre. Enfin, et c'est là une considération importante, mon cher enfant, ta position serait faite de bonne heure et nous pourrions penser avec moins de préoccupation à l'avenir de ta chère petite sœur.

En parlant de la marine, tu me dis, « il n'est pas rien-long ni difficile d'y arriver ». Rien long, non mais difficile, c'est autre chose. Cela l’est moins qu'autrefois, mais il ne faut pas te faire illusion, mon ami. Cela est difficile. Il faut pour cela du travail, une application soutenue et une ferme volonté. Il ne faut pas de présomption, il ne faut pas non plus de découragement. L'une est aussi nuisible que l'autre. Tout en considérant la chose difficile ne te décourage jamais et dis-toi qu'avec de la persévérance, on vient à bout de tout.

« Labor improbus omnia vincit * » Que cette devise qui a fait ma vie soit toujours présente à ton esprit, mon cher Albert, et tu réussiras. Te voilà un homme bientôt et en âge de comprendre son importance et sa vérité.

J’ai vu avec bonheur que tu as fait tes dévotions aux Carmélites et que tu y as prié pour moi. Je t'ai dit souvent combien les prières des jeunes cœurs sont agréables à Dieu, et c'est peut-être aux tiennes, jointes et à celles de ta mère que je dois d'avoir été si heureux dans ce long voyage. Continue donc mon enfant à prier pour ton père qui demande à Dieu tous les jours de te protéger et de te guider. Suis les conseils de ta chère mère et tu serviras ainsi le guide que Dieu t'a donné.

Bon courage mon enfant et de la résolution. Ah quelle fête je me fais de t'embrasser, mais j'y pense, je ne pourrai plus te tenir sur mes genoux. Tu es trop grand à présent.

A bientôt mon cher Albert, en attendant embrasse pour moi ton frère, ta sœur, maman, les grandes personnes et pense à l'affection dévouée de ton père qui t'aime bien tendrement.

A Fauvel

*
« Un travail acharné vient à bout de tout »