Auguste à Albert (8 mars 1867)

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Dublin Core

Titre

Auguste à Albert (8 mars 1867)

Date

08/03/1867

Sujet

Dans cette lettre à Albert et Emmanuel, Auguste exprime son affection et sa fierté.

Il les encourage à bien travailler et leur donne des conseils moraux et religieux.

Contributeur

Florence

Lettres Item Type Metadata

Location

Shanghaï - Chine

Expediteur

Auguste

Destinataire

Albert

Transcription

Shanghai, le 8 mars 1867

Mes chers enfants,

Je regrette bien que mes yeux fatigués et malades ne me permettent pas de vous écrire longuement à chacun de vous ; mais je veux vous dire combien vos voeux et vos souhaits d’heureuse année m’ont fait plaisir et vous en remercie.

C’est avec une grande joie que je reçois vos lettres et que je suis mis au courant par vous de vos études, de vos distractions, de vos plaisirs et de tout ce qui vous intéresse. Vous deux, les aînés, vous êtes notre plus grande préoccupation, à votre chère mère et à moi, et notre cœur si prompt à s’affliger de vos revers, est bien doucement ému, de vos succès.

Je ne saurais vous dire, mes chers enfants, combien j’ai été touché de l’empressement avec lequel vous avez voulu faire une douce surprise à votre mère en lui donnant des étrennes. J’ai vu là combien votre cœur affectueux sent et reconnaît les soins et le dévouement dont elle vous entoure; Vous l’avez rendue bien heureuse. J’ai partagé sa joie et je voudrais pouvoir vous tenir sur mes genoux pour vous faire sentir par mes caresses le bonheur que vous m’avez fourni en donnant à votre mère cette preuve de tendre affection.

Mon gros Albert, avec quelle joie je vois tes plans s’améliorer, ton travail s’affermir depuis que tu es entré au College. J’espère que le petit relâchement signalé dans tes dernières notes du trimestre aura promptement cédé à ton énergie et à ton désir de bien faire. Te voilà presque un homme maintenant et j’espère enfin que tu comprends la nécessité et l’importance du travail pour te faire une carrière. Je n’insisterai pas là-dessus, je ne pourrai que te répéter ce que je t’ai dit dans toutes mes lettres précédentes. Ta ... (?) te le dira comme moi et ton cœur, ton bon cœur te dira aussi que les plus grands bonheurs que tu puisses nous donner est de te voir réussir par ton travail.

Défie-toi de la faiblesse, mon cher gros, relis souvent ce que je t’ai écrit à ce sujet. Défie-toi des mauvais conseils, des mauvaises connaissances. Défie-toi aussi de ta disposition à croire tout possible et du contentement de toi-même. Ce sont les conseils principaux que t’envoie ton père qui t’aime tant et qui est si loin de toi.

Je ne puis t’adresser que le même langage, mon cher Emmanuel. Tu es plus jeune que ton frère, mais je crois cependant que tu dois comprendre déjà la nécessité du travail. Vos détails de vos études m’ont fait grand plaisir ainsi que vos bonnes résolutions. Je suis convaincu que vous les tiendrez et ferez plus tard notre joie et notre orgueil.

J’ai lu avec intérêt la description de votre classe à Valognes pour les fêtes de Noël. Je suis bien heureux quand je vous vois vous retrouver avec plaisir dans la société de vos anciens maîtres, dans cette sainte maison qui a abrité une partie de votre enfance. J’y vois la preuve que les principes que vous y avez reçu sont restés et ont germé dans votre cœur. Ne les oubliez jamais mes chers enfants, ces principes salutaires en dehors desquels il n’y a que ruine et désordre. Songez à la douce joie dont vous jouissez au sortir de vos devoirs religieux, au malaise qui suit les moindres écarts de conscience, et vous serez convaincus que le bonheur aussi bien que le devoir ne se trouve que sur le chemin de la vertu et dans un coeur discrètement religieux.

Je suis sûr, mon cher Albert, que tu apprécies comme tu le dois l’amitié si dévouée de M Pi et que tu suivras les conseils que cette amitié lui suggère quand tu lui écriras. Ne manque pas de lui dire que je le remercie de son intérêt pour toi et des bons conseils qu’il veut bien te donner.

Je ne vous parle pas de mon voyage, votre mère vous lira mon journal. Il ne faut pas que j’oublie, mon cher gros, de te dire que le prince et M de Beauvoir ont été très touchés de tes compliments et de tes voeux et qu’ils t’en remercient.

Au revoir mes chers enfants. Avec quelle joie je passerai l’année prochaine avec vous. Priez Dieu tous deux pour que ce moment si désiré ... (?) s’approche comme je le prie chaque jour pour vos succès.

Aimez vous l'un l'autre, c'est le grand commandement de Dieu ; aimez bien votre petite soeur, votre petit frère, vos grands parents que je vous prie d'embrasser pour moi. ... (?) et vénérez votre chère mère, votre guide et votre meilleur appui, votre ange gardien et votre consolation à tous. ... (?) et aimez vos maitres, rappelez moi à leur souvenir, surtout à celui de M Le Guesne, M Denis et vos professeurs de Valognes. Au revoir encore et recevez, avec les bénédictions et les meilleurs souhaits, les caresses d'un père qui vous aime bien tendrement et de tout son coeur.

Auguste Fauvel