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Titre
Albert à Madeleine (20 février 1887)
Date
20/02/1887
Résumé
Albert s'est embarqué de Marseille le 19 juillet 1886, direction la Chine.
Le 20 février 1887, il est encore à Hongkong et raconte à Madeleine son escapade de quelques jours dans le golfe du Tonkin. Il est employé par les Messageries Maritimes et a quitté les Douanes Chinoises depuis 3 ans, mais il y garde manifestement de nombreux contacts. Il prend des notes, indique t'il à plusieurs reprises.
Il annonce à Madeleine son retour en France pour fin mai - début juin !!!
Son journal à la même période nous en dira probablement plus sur la nature de ses activités.
Le 20 février 1887, il est encore à Hongkong et raconte à Madeleine son escapade de quelques jours dans le golfe du Tonkin. Il est employé par les Messageries Maritimes et a quitté les Douanes Chinoises depuis 3 ans, mais il y garde manifestement de nombreux contacts. Il prend des notes, indique t'il à plusieurs reprises.
Il annonce à Madeleine son retour en France pour fin mai - début juin !!!
Son journal à la même période nous en dira probablement plus sur la nature de ses activités.
Lettres Item Type Metadata
Location
Hongkong
Expediteur
Albert
Destinataire
Madeleine
Transcription
Hongkong, le dimanche 20 février 1887
Ma bien aimée Madeleine
je suis rentré hier matin d'une seconde absence de Hongkong qui a duré quelques jours. Embarqué le 10 à bord du petit vapeur "Saltee" je me suis rendu à Hoihow, port au nord de l'île de Hainan où j'ai débarqué au moyen d'un sampan à 4h le 11.
J'y ai été fort aimablement reçu par M CC Clarke, un ancien collègue des Douanes assistant de 2e classe. A en charge la Douane où il se trouve aidé d'un assistant ... M. Lowry. J'ai logé chez M Clarke qui comme tout le monde à Hoihow est logé à la chinoise car bien que le port soit ouvert depuis 10 ans on n'a pu encore y acheter de terrain aux chinois.
J'y ai aussi retrouvé en charge du Consulat d'Angleterre M. O Johnson une vieille connaissance de Péking en 1872-73 qui m'a fait aussi le meilleur accueil. Le lendemain M.Clarke m'a mené promener dans la campagne et m'a montré un vieux cimetière catholique où j'ai vu les tombes de 3 pères jésuites enterrés là en 1681-1686 l'un d'eux, Pio Forget, était français ainsi que le témoigne l'inscription encore lisible.
A 4h1/2 je m'embarquais avec une bonne provision de notes sur le vapeur allemand "Welle" le 13 nous levons l'ancre à 3h15 du matin et faisons route au nord ouest pour le port de Pakhoï au fond du golfe du Tonquin. Le "Welle" ne marchant qu'à 6 noeuds de vitesse nous ne pouvions arriver de jour à Pakhoï dont l'entrée est rendue difficile par des pêcheries chinoises et l'absence de feux. En conséquence nous passons la nuit à l'ancre au large et ce n'est que le 14 au matin que nous pûmes entrer à Pakhoï.
Je descendis à terre à 8h dans le canot de la Douane un peu mouillé par les vagues qui étaient assez fortes. Comme il n'y a pas de jetée nous descendimes sur la plage de sable et je me rendis aussitôt chez le Commissaire M. W. Luy qui me donna l'hospitalité et me présenta à sa femme, la seule européenne de Pakhoï. Ils ont une maison superbe avec grand jardin. La Douane est aussi une belle maison : 3 étages. Au rez de chaussée les bureaux de l'outdoor staff. Au 1er les bureaux de l'indoor staff et du Commissaire et au 2ème la résidence du commis Docteur Dean.
Dans l'après midi je pris des notes sur le port puis allé faire visite au Consul anglais M. Opkins aussi une vieille connaissance de Pékin. Il est logé dans un consulat tout neuf et entouré d'une beau jardin en friche mais qui plus tard fera bon effet comme celui de la Douane. Je fis aussi visite à un missionnaire catholique français le Père Rouvière (à Hoihow il n'y a que des portugais).
Le 15 je trouvais chez le Père l'amiral Rionnière arrivé avec le "Chasseur" et le commandant Legorre, nous renouvelames connaissance et il me chargea d'une commission pour le Consul de Hongkong. Il voulait faire savoir à M. Bezann à Canton de se tenir sur ses gardes parce que les chinois nous attaquaient de nouveau sur la frontière du Tonquin. Il était prêt à user de représailles sur les côtes sud de Chine. Ayant reconduit l'amiral à la plage je rentrais travailler de nouveau à la Douane puis prendre le thé chez le Commissaire.
Enfin à 5h je m'embarquais de nouveau à bord de mon lourd vapeur allemand et je me trouvais en route de nouveau pour Haïnan où nous arrivames le 16 à 1h1/2 après midi. Je descendis de nouveau à Hoihow revis mrs Clarke et Johnston et fis la visite des boutiques où j'achetais quelques petits souvenirs une noix de coco sculptée ... en argent émaillé, deux industries particulières à ce pays.
Le "Welle" ayant pris son chargement je montais à bord vers 1h du matin ayant mis 2h1/2 à me rendre de terre à bord dans une barque chinoise. Je trouvais le pont encombré de 500 cochons tous dans des paniers en forme de cage entassés les uns sur les autres c'est ici le plus grand commerce de Hoihow avec Hongkong. Nous levames l'ancre le 16 : 5h du matin et reprimes la route de Hongkong nous trainant péniblement contre une forte mer debout...
... j'ai appris enfin que le bateau neuf allemand "Bayern" à bord duquel je dois prendre passage pour rentrer en France est parti de Brême le 10 février sera ici le 27 mars à S'haï (Shanghaï) le 3 avril. je le prendrai à son retour de Singapour le 25 avril ce qui me mettra à Gênes où il touchera vers fin mai. Je compte donc pouvoir vous embrasser vers fin mai ou commencement de juin et je compte bien alors jouir d'un bon congé de 1 mois à la campagne avec vous et les enfants...
Ma bien aimée Madeleine
je suis rentré hier matin d'une seconde absence de Hongkong qui a duré quelques jours. Embarqué le 10 à bord du petit vapeur "Saltee" je me suis rendu à Hoihow, port au nord de l'île de Hainan où j'ai débarqué au moyen d'un sampan à 4h le 11.
J'y ai été fort aimablement reçu par M CC Clarke, un ancien collègue des Douanes assistant de 2e classe. A en charge la Douane où il se trouve aidé d'un assistant ... M. Lowry. J'ai logé chez M Clarke qui comme tout le monde à Hoihow est logé à la chinoise car bien que le port soit ouvert depuis 10 ans on n'a pu encore y acheter de terrain aux chinois.
J'y ai aussi retrouvé en charge du Consulat d'Angleterre M. O Johnson une vieille connaissance de Péking en 1872-73 qui m'a fait aussi le meilleur accueil. Le lendemain M.Clarke m'a mené promener dans la campagne et m'a montré un vieux cimetière catholique où j'ai vu les tombes de 3 pères jésuites enterrés là en 1681-1686 l'un d'eux, Pio Forget, était français ainsi que le témoigne l'inscription encore lisible.
A 4h1/2 je m'embarquais avec une bonne provision de notes sur le vapeur allemand "Welle" le 13 nous levons l'ancre à 3h15 du matin et faisons route au nord ouest pour le port de Pakhoï au fond du golfe du Tonquin. Le "Welle" ne marchant qu'à 6 noeuds de vitesse nous ne pouvions arriver de jour à Pakhoï dont l'entrée est rendue difficile par des pêcheries chinoises et l'absence de feux. En conséquence nous passons la nuit à l'ancre au large et ce n'est que le 14 au matin que nous pûmes entrer à Pakhoï.
Je descendis à terre à 8h dans le canot de la Douane un peu mouillé par les vagues qui étaient assez fortes. Comme il n'y a pas de jetée nous descendimes sur la plage de sable et je me rendis aussitôt chez le Commissaire M. W. Luy qui me donna l'hospitalité et me présenta à sa femme, la seule européenne de Pakhoï. Ils ont une maison superbe avec grand jardin. La Douane est aussi une belle maison : 3 étages. Au rez de chaussée les bureaux de l'outdoor staff. Au 1er les bureaux de l'indoor staff et du Commissaire et au 2ème la résidence du commis Docteur Dean.
Dans l'après midi je pris des notes sur le port puis allé faire visite au Consul anglais M. Opkins aussi une vieille connaissance de Pékin. Il est logé dans un consulat tout neuf et entouré d'une beau jardin en friche mais qui plus tard fera bon effet comme celui de la Douane. Je fis aussi visite à un missionnaire catholique français le Père Rouvière (à Hoihow il n'y a que des portugais).
Le 15 je trouvais chez le Père l'amiral Rionnière arrivé avec le "Chasseur" et le commandant Legorre, nous renouvelames connaissance et il me chargea d'une commission pour le Consul de Hongkong. Il voulait faire savoir à M. Bezann à Canton de se tenir sur ses gardes parce que les chinois nous attaquaient de nouveau sur la frontière du Tonquin. Il était prêt à user de représailles sur les côtes sud de Chine. Ayant reconduit l'amiral à la plage je rentrais travailler de nouveau à la Douane puis prendre le thé chez le Commissaire.
Enfin à 5h je m'embarquais de nouveau à bord de mon lourd vapeur allemand et je me trouvais en route de nouveau pour Haïnan où nous arrivames le 16 à 1h1/2 après midi. Je descendis de nouveau à Hoihow revis mrs Clarke et Johnston et fis la visite des boutiques où j'achetais quelques petits souvenirs une noix de coco sculptée ... en argent émaillé, deux industries particulières à ce pays.
Le "Welle" ayant pris son chargement je montais à bord vers 1h du matin ayant mis 2h1/2 à me rendre de terre à bord dans une barque chinoise. Je trouvais le pont encombré de 500 cochons tous dans des paniers en forme de cage entassés les uns sur les autres c'est ici le plus grand commerce de Hoihow avec Hongkong. Nous levames l'ancre le 16 : 5h du matin et reprimes la route de Hongkong nous trainant péniblement contre une forte mer debout...
... j'ai appris enfin que le bateau neuf allemand "Bayern" à bord duquel je dois prendre passage pour rentrer en France est parti de Brême le 10 février sera ici le 27 mars à S'haï (Shanghaï) le 3 avril. je le prendrai à son retour de Singapour le 25 avril ce qui me mettra à Gênes où il touchera vers fin mai. Je compte donc pouvoir vous embrasser vers fin mai ou commencement de juin et je compte bien alors jouir d'un bon congé de 1 mois à la campagne avec vous et les enfants...







